ACTE I, scène 1

Lorenzo, jeune noble anglais, dans sa luxueuse maison, recueille une famille indienne chez lui. Lorenzo et Amar, père de la famille, parlent seuls dans le salon.

 

Lorenzo. Alors Amar, raconte-moi ton histoire.

Amar. Ma famille et moi sommes arrivés il y a un an en Angleterre clandestinement. Ma femme, mes deux filles et moi étions heureux en Inde, jusqu'au jour où Bakili, maradjah du royaume de Bankatouri, passe dans le village et nous expulse de notre maison, pour y construire à la place un de ses immenses palais. Oui, nous devions tout laisser, nos souvenirs, nos objets, notre vie, juste pour son plaisir. Et cela, je le refusais. J'ai tenté de mener une rébellion en mobilisant le village, mais j'ai très vite compris que cela ne fonctionnait pas comme ça avec lui. Un jour, un de ses serviteurs vint nous donner un papier. Nous étions bannis. Nous devions partir. Il n'y avait pas de délai. Pendant trois semaines, nous avons sillonné les routes pour chercher de l'aide, mais personne n'est venu : nous avons dormi sur la route, nous n'avions plus rien, seulement mes économies et quelques objets de valeur. J'ai tout vendu pour pouvoir venir ici, en Angleterre.

Lorenzo. Quel malheur, quelle injustice… (Il est dépité, mais nous voyons sur son fin visage qu'il vient d'avoir une idée). Huum .. Et comment s'appelle ce tyran satanique ?

Amar. Bakili Ban Adi, il se trouve ici actuellement, un de mes amis me l’a dit.

Lorenzo (dans sa barbe). Hum intéressant.. (A voix haute) Et que fait-il ici ?

Amar. Il doit sûrement chercher du plaisir dans ces sordides boîtes de nuits, avec quelques filles qu'il aura achetées. Mais pourquoi toutes ces questions ?

Lorenzo. Ce n'est rien ! Seulement pure curiosité. Continuez, mon ami, arrivés ici, qu'avez-vous fait ?

Amar. Nous avons voulu loger chez ma famille éloignée, malheureusement il n' y avait pas de place pour nous. Nous avons donc dormi sous les ponts de la Tamise. Là-bas, un des membres bénévoles d'une association en aide aux personnes sans domicile nous a proposé un logement. 10 m2 pour quatre personnes. Mais quel autre choix avions-nous ? Peu à peu, j'ai rencontré les responsables du centre, Lord William Brown, votre ami. Nous avons beaucoup parlé, nous avons très rapidement tissé des liens.

Lorenzo (l'interrompant). Et c'est là que je vous ai rencontrés.

Amar. Que vous nous avez sauvé la vie !

Lorenzo (humble). Ma maison est grande et je suis seul avec mes livres, ça ne me dérange pas du tout !

Amar. Seul ? Mais qui sont ces hommes avec qui vous rentrez chaque soir ?

Lorenzo (pris au dépourvu). Hum, des amis, voilà tout.

Amar. Excusez mes questions impertinentes…

Lorenzo. Passons. Je dois aller voir Lord William. A plus tard.

(Lorenzo sort d'un air perplexe)


ACTE I, scène 2

Lorenzo seul dans sa voiture. A la radio Queen - I want to break free.

 

Lorenzo (chantant). I want to break free! I want to breeeak free ! I want to break free ! Yeah …

Oui ! Je veux casser tous les codes moi aussi et libérer le monde du mal ! Je veux que ces hommes infâmes disparaissent et que justice et démocratie règnent sur Terre ! Il m’a dit que je trouverais ce monstre là où se trouvent les plus belle filles ? Très bien. Ce soir, il ne sera plus.


ACTE I, scène 3

Lorenzo tambourine à la porte de Lord William, celui-ci accourt pour lui ouvrir.

 

Lord William. Lorenzo ! Que se passe-t-il ? Es-tu fou de frapper ainsi à ma porte ? N'oublie pas mon vieil âge !

Lorenzo. Excusez-moi, mais je dois absolument vous parler !

Lord William. Eh bien, eh bien, asseyez-vous donc et par pitié, calmez-vous !

Lorenzo. Vous souvenez-vous de cette discussion à propos du Mal que nous avons eue il y a quelque temps ?

Lord William. Oui bien sûr !

Lorenzo. Je suis venu vous demander conseil. Si nous avons le moyen de combattre le mal mais que pour cela nous devons nous-mêmes devenir le mal, qu'adviendrait-il de nous ? Serions-nous coupables ou bons ?

Lord William (l'inquiétude se lisant sur son visage). Eh bien … Cela est un dur dilemme… Mais je répondrai que certaines fois, il faut laisser vivre le Mal. Le monde va ainsi. Nous pouvons lutter contre lui avec des mots, avec des idéaux mais cela se révèle dangereux de vouloir trop s'impliquer dans cette lutte.

Lorenzo. Quoi ? Vous pensez donc qu'il faudrait ne rien faire ? Regarder et parler au lieu de trouver le moyen d'agir..?

Lord William. Pas exactement… Mais c'est plutôt cela oui…

Lorenzo (à part). Suis-je le seul à vouloir me révolter contre cela ? Oui je le crois… Qu'il en soit ainsi, ce soir, je lutterai seul. (Tout haut). Très bien, je voulais simplement connaître votre point de vue. Je dois partir, la nuit tombe, à très bientôt mon cher ami.

Lord William. Mais enfin, pourquoi ces au revoir si solennels ? Au revoir Lorenzo, et bonne soirée.

Lorenzo (dans sa barbe). A qui le dis-tu …


ACTE II, scène 1

Lorenzo sortant de sa voiture, sur le parking de la boîte de nuit.

 

Lorenzo. Amar m'a bien dit que je le trouverais où l'on trouve les plus belles filles de tout Londres. (Il regarde la file d'attente, s'avance et la dépasse par le côté. Puis il salue le videur.)

Lorenzo. Bonsoir ! (Il se retourne et toise du regard la file puis fait signe à cinq des plus belles filles de le rejoindre.) Une table pour 6 ?!

Le videur. Entrez !

Lorenzo (tapant sur les fesses des filles, il rit de façon malsaine). Bonne soirée mes chéries !

(Ils entrent. Un serveur s'avance.)

Lorenzo. Garçon ! (il le prend par l'épaule). Mets-moi deux bacs de Bacardi brun et un Christal Roederrer, le Magnum !

Le serveur. Carré VIP sir ?

Lorenzo. Naturellement ! (Il lui fait un clin d'œil significatif.)

Une des filles. Je vais danser ! (Toutes la suivent.)

(Lorenzo s'assoit seul)

Lorenzo (tout bas). Ça y est, je te vois enfin... (Il regarde vers une table et voit Bakili Ban Adi). Ce soir tu sauras qui je suis et qu'ici tu n'aurais pas dû te trouver (Il jette son verre par terre).


ACTE II, scène 2

Bakili s'en va aux toilettes après s'être fait repousser par une fille avec qui il dansait. Lorenzo lui emboîte le pas.

 

Lorenzo (regardant Bakili en train d'uriner, appuyé sur la cadre de la porte) Coriaces hein, ces filles-là ! Jamais tu n'obtiendras quelque chose sans les bonnes méthodes.

Bakili (se retournant, le sexe dans les mains, ivre) Et comment tu sais ça toi, hein ?

Lorenzo. Je connais la luxure de cette ville comme le fond de ma poche ! .. Et toi tu as été bien renseigné quand on t'a dit que les plus belles filles se trouvaient ici.. Mais pas les moins farouches ! Tu sais, il faut savoir les dompter, les charmer pour qu'elles s'ouvrent sans aucune hésitation à toi, il faut savoir utiliser les bons mots, les bonnes drogues aussi. Mais tu dois déjà le savoir ! (Il feint de partir).

Bakili. Attends ! Et tu me mènerais à ce genre de filles ?!

(Lorenzo s'approche de Bakili.)

Lorenzo. Naturellement. (Il sort un sachet rempli de poudre blanche de sa poche) Après ça (Il lui fait un clin d'œil.)


ACTE II, scène 3

Devant une usine désaffectée. Bord de la Tamise.

 

Bakili. C'est ici que sont tes filles ?! (Il remonte son col)

Lorenzo. Elles sont dedans, entre.. .J'vais m'en griller une.

Bakili. Tu me rejoins hein ? C'est bizarre je n'entends rien…

Lorenzo. Entre et ne t'en soucie pas ! Fais-moi confiance !

(Bakili disparaît derrière la porte)

Lorenzo (jouissant). Il ne sortira plus. Plus debout du moins ! (Lorenzo passe la porte).

Le rideau tombe. Deux coups de feu retentissent.

Lorenzo (seul). Mouhaha ! Enfin mes rêves sont exaucés, enfin la liberté du peuple, enfin la paix ! Ce monstre est mort de mes mains.

Il se tire deux balles dans la tête.



© Estelle H. et Paul S. - TL1 du lycée Amiral de Grasse (à Grasse - Alpes-Maritimes).