Le bouffon Brutus - © Eliott M.

Premièrement, j’ai décidé de représenter Lorenzo selon les canons de proportions divines, tout en conservant un personnage chétif, aux jambes maigres, au teint blafard, l’allure passive et paresseuse.

Sa coupe est calquée sur le personnage de Brutus, auquel il se compare tout au long de la pièce. C’est pour cela que je l’ai revêtu de la caractéristique toge romaine. La moitié supérieure de son costume représente donc l’image rêvée, fantasmée, qu’a de lui Lorenzo : le Brutus agissant pour la justice, vertueux et digne.

Cependant, si l’on baisse le regard, on remarque qu’il est affublé d’un costume de bouffon usé, aux couleurs criardes et ridicules. Même ses chaussures ont une forme qui se rapporte au bouffon. Sous ses ambitions nobles, Lorenzo ne serait-il pas qu’un simple bouffon, un plaisantin aux sabots bruyants ?

Ses chaussures représentent aussi l’indiscrétion dont fait preuve Lorenzo, notamment auprès du duc. Ses actes sont facilement perceptibles comme allant à l’encontre du duc. Il révèle même ses plans. Ainsi ses chaussures avertissent les autres de chacun de ses actes, il ne peut être discret, il fait tout bruyamment et attire l’attention. Seules ses jambes, recouvertes d’un collant, semblent symboliser sa candeur perdue…

Le costume représente donc le paradoxe entre la place et le rôle rêvé de Lorenzo et son rôle actuel, le paradoxe qui anime le personnage.



Ce costume est une variante du premier, en effet Lorenzo est habillé d’une veste de costume, portant une chemise, une cravate et un chapeau. « Le vice a été pour moi un vêtement ». J’ai décidé de dessiner le costume du vice comme étant un habit « classe » et distingué. Je voulais représenter Lorenzo comme un homme d’affaires sous ce costume qui peut cacher sa véritable nature, par son côté basique mais sérieux, il est en mesure de manipuler les gens autour de lui.

Cela se rapproche aussi d’un genre d’avocat du diable, ce costume peut représenter le diable personnifié, d’apparence sérieuse, « classe », attirant, mais pouvant renfermer n’importe quoi.

J’ai choisi de mettre en évidence son côté bouffon en lui rajoutant un chapeau de bouffon. On peut également le voir comme une sorte de comique, en costume pour son spectacle. Ses cheveux sont rouges pour rappeler l’aspect diabolique du personnage.

Enfin, son sceptre de bouffon est composé d’une tête de mort et d’un trident. Son rôle de bouffon va le conduire à la mort mais le bouffon est aussi celui qui va engendrer la mort. Le trident est encore une symbolique du diable.

Lorenzo est donc ici un bouffon diabolique, ayant enfilé le « costume du vice », apportant la dérision mais aussi la mort. Le côté grotesque de Lorenzo est montré, on peut se moquer de lui, mais il a un côté diabolique qui le rend beaucoup plus sérieux.

L'avocat du diable bouffon - © Eliott M.

Ces deux costumes sont très originaux et composés d’habits provenant d’époques très différentes. Le tout rajoute encore un côté grotesque à Lorenzo.

Ces costumes sont en dehors de toute époque, de toute mode, à l’image de Lorenzo, héros transcendant les âges et en dehors de tous les clichés du héros classique. Ses paradoxes, sa folie, sa débauche, son vice, ses rêves, son intemporalité sont représentés à travers ces costumes.


© Eliott M. - TL1 du lycée Amiral de Grasse (à Grasse - Alpes-Maritimes).