Théâtre de la Madeleine (03/12/1927)

Adaptation et mise en scène : André Bour

Lorenzo - Renée Falconetti
Le duc - Rolla Norman


10 représentations du 3 au 11 décembre 1927.

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Falconetti rejouera Lorenzaccio en 1929 au théâtre Sarah Bernhardt puis au théâtre de l'Avenue jusqu'en 1931.

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Renée Falconetti - Affiche de 1927
© BnF - Arts du spectacle


Article de Robert Kemp in La Liberté, 04/12/1927

Elle est admirable ! Elle a, sous les cheveux noirs coupés courts, un petit visage vert-de-grisé par l'insomnie ; pommettes saillantes, joues creuses, lèvres blanches, menton aigu, elle porte à ravir le maillot noir, la petite toque et le long manteau qui traîne. Elle est épuisée et acharnée. Les yeux brûlent, dans leurs cernures brunes. Elle se ramasse sur son fauteuil ; et on la sent prête à bondir. Elle fait de Lorenzo une petite pourriture héroïque ; son intelligence et sa fièvre nous ont émus sans cesse...

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Paul Ginisty, Le Petit Parisien 04/12/1927

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James de Coquet, Le Figaro 04/12/1927

Au théâtre de la Madeleine

Lorenzaccio, drame en 28 tableaux d'Alfred de Musset

Il est toujours intéressant de voir ceux que l'on appelle "les acteurs du boulevard" s'essayer dans les rôles classiques et il faut louer la direction du théâtre de la Madeleine d'avoir eu la hardiesse de monter Lorenzaccio après l'éclatante interprétation que nous a donnée le Théâtre Français.

Alfred de Musset n'eut jamais l'ambition d'être un auteur dramatique et, après l'échec de la Nuit Vénitienne, il ne songeait pas le moins du monde à la scène. C'est ce qui explique le côté saccadé de ses meilleures oeuvres auquel on essaie de remédier en enchaînant le mieux possible les multiples tableaux de ses pièces.

A ce point de vue, la Comédie-Française a réalisé un véritable tour de force en ne faisant subir à la pièce que quelques pauses qui sont dans le mouvement de l'action. Le théâtre de la Madeleine a été moins heureux. En dépit de la célérité des machinistes et de la simplicité des décors qui sont constitués par des rideaux de panne bleue devant lesquels on installe une cheminée ou une fenêtre, il y a d'un tableau à l'autre des interruptions de quelques minutes qui font souvent perdre au spectateur le fil de l'intrigue, même lorsqu'il la connaît par coeur. Et, au risque de paraître vieux jeu, il faut bien convenir que les rideaux ne seront jamais que des moyens de fortune bien moins éloquents que de véritables décors.

Dans le rôle de Lorenzaccio, Mlle Faconetti a fait preuve d'une intelligence remarquable. Elle a composé un Lorenzo d'une violence contenue. Elle a un visage douloureux d'où se dégagent comme des ondes d'émotion. Peut-être pourrait-on lui reprocher d'être un peu dolente après le meurtre d'Alexandre. "Songe que ce meurtre, a dit Lorenzo à Philippe Strozzi, c'est tout ce qui me reste de ma vertu d'autrefois." On voudrait qu'après la mort du Médicis elle dépouillât son masque de veulerie pour redevenir virile et brave. Cette réserve faite, on ne peut que louer l'interprétation de Mlle Falconetti qui, avec des moyens physiques limités, nous a donnés cette impression de force et de courage désespérés qui sont, je crois, ce qu'a voulu Musset.

Le reste de la troupe est fort terne. Seuls deux interprètes se détachent de l'ensemble. M. Alcover dont la violence naturelle va comme un gant à Scoroncocolo et Mlle Gisèle Picard qui est une marquise de Cibo émouvante et noble. Elle a une diction parfaite et de belles attitudes. Il faut espérer que le succès qu'elle a remporté hier influera heureusement sur sa carrière.


Franc-Nohain, L'Echo de Paris, 04/12/1927

Lorenzaccio, drame en cinq actes et vingt-neuf tableaux d'Alfred de Musset (théâtre de la Madeleine)

Sur cette même scène où Mlle Spinelli vient d'interpréter le Club des loufoques, voici Lorenzaccio, représenté par les soins de Mlle Falconetti. L'entreprise est hardie, mérite l'intérêt et la louange et témoigne d'un bel éclectisme.

Il ne saurait évidemment question de comparer la mise en scène éclatante que la Comédie-Française a donnée au drame d'Alfred de Musset, avec celle forcément succincte et hâtive du théâtre de la Madeleine. Tout l'attrait ici réside dans la comparaison de Mlle Falconetti et de Mme Piérat.

J'ai dit que je n'aimais pas l'interprétation de Mme Piérat. Je ne raffole pas de celle de Mlle Falconetti. Ma première objection, objection de principe, est la même contre ces deux artistes, et je répète que je considère comme un erreur de confier le rôle de Lorenzo à un travesti.

Mlle Falconetti, avec ses cheveux coupés à la garçonne ("J'ai la coiffure d'un républicain..."), a l'air d'un collégien maladif et vicieux ; sa silhouette est plutôt d'un "Poil de Carotte" qui serait brun et la voix âpre, le débit tantôt ralenti et volontairement monotone, puis brusquement saccadé, elle semble s'être appliquée à se garder de tout romantisme. Mme Piérat manquait de force et de mystère ; Mlle Falconetti s'est débarrassée de tout son charme. Tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle fait est extrêmement "juste" et sobre, avec les bras qui se croisent et se collent au corps, et la main portée au front, et les doigts qui s'écartent, oui, tout cela est fort intelligent ; pourquoi ne nous émeut-elle pas davantage ? Son jeu est sans "prolongement" ...

Il faut convenir au demeurant que la tâche de Mlle Falconetti est rendue particulièrement difficile par les conditions de ces représentations organisées un peu comme une "tournée" ou un gala de bienfaisance, avec des éléments pas très cohérents, en dépit de la bonne volonté de tous et de leur zèle. On a trop souvent l'impression d'assister à des scènes de concours de fin d'année au Conservatoire - et vous savez que ce n'est pas un fameux souvenir... C'est curieux comme des artistes qui, dans le répertoire courant, dans les pièces du boulevard, marquent de l'aisance et même de l'autorité , dès qu'il s'agit d'une oeuvre de la qualité, du "style" de Lorenzaccio, font figure d'élèves..

En sorte qu'au total, ces représentations de Lorenzaccio feront certes le plus grand honneur à Mlle Falconetti, mais plus encore peut-être à la Comédie-Française.

Henry Bidou, Journal des Débats, 05/12/1927

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Louis Schneider, Le Gaulois, 05/12/1927

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Gérard d'Houville, Le Figaro, 05/12/1927

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