Une autre première de couverture pour la nouvelle

 

 


Pour réaliser cette première de couverture, j'ai surtout pris en compte la morale qui concerne la passion. Celle-ci est subie, elle est dangereuse, destructrice, voire fatale : je l'ai représentée par l'encerclement des roses rouges. Effectivement, dans la nouvelle, de nombreuses histoires amoureuses s'entremêlent dès le début et créent des nœuds ; quant aux roses rouges, ce sont celles qui symbolisent le mieux l'amour et la passion.

Ma deuxième source d'inspiration a été la peinture, notamment la Vénus anadyomène de Botticelli qui appartient à la Renaissance. Mme de Lafayette ne décrit quasiment pas son personnage éponyme, sinon par les yeux de Chabannes qui « regardait avec admiration tant de beauté, d'esprit et de vertu ». Pour représenter la princesse, je me suis donc inspirée de la Vénus sortant des eaux, avec une peau laiteuse, des yeux bleus et des cheveux d'un blond vénitien évoquant la pudeur et la pureté.

Le style de ce dessin est simple et naturel, en accord avec l'esthétique classique de Mme de Lafayette. J'ai utilisé l'aquarelle pour obtenir un rendu doux, avec des couleurs pastel, suggérant l'équilibre et l'apaisement, pour éviter les chocs de couleurs exacerbés et les contrastes baroques. Le cadre a une forme ovale, comme un miroir, avec un fond bleu pastel pour donner un effet vitreux. Cette représentation en miroir permet au lecteur de s'identifier aux personnages et renforce la double visée de l'œuvre, placere et docere, grâce à laquelle l'auteur nous met en garde contre les passions qu'elle considère comme destructrices.

La symbolique des couleurs est aussi importante : le rouge des roses représente la passion, la tentation, la chaleur et l'interdit. Le jaune de l'encadrement évoque l'espoir et l'amitié, en particulier celle de Chabannes d'abord pour le prince puis pour la princesse. Dans ses connotations négatives, on trouve la jalousie, très présente dans l'œuvre, et qui provoque de nombreuses tensions entre les personnages. Le bleu des yeux de la princesse et de l'arrière-plan du miroir représente la pureté et la sensibilité. Enfin pour le titre j'ai choisi une cursive noire classique, en accord avec le style de l'auteur.

C'est ainsi qu'avec cette première de couverture j'ai tenté de trouver une équivalence graphique à la nouvelle, pour qu'au premier regard le passant ait un horizon d'attente qui lui donne envie de devenir lecteur.



Première de couverture conçue et commentée par Léa Philippe, TL2, novembre 2018.